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Et si 25 ans après la folie du .com, les marques avaient leur propre extension sur Internet ?
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Et si 25 ans après la folie du .com, les marques avaient leur propre extension sur Internet ?

Tarissement des noms de domaine attractifs encore disponibles, perte d’attractivité d’extensions traditionnelles, manque de représentativité de certaines communautés : pour toutes ces raisons, en 2012, l’ICANN, l’organe régulateur du nommage en ligne, a procédé à une ouverture de l’Internet en permettant à quiconque remplissant les conditions de créer sa propre extension.

Depuis lors plus d’un millier de nouvelles extensions (New gTLD) ont vu le jour : 

  • des extensions liées à une zone géographique (<.paris>, <.alsace>, <.corsica>, etc.)
  • des extensions identifiant des produits, des services ou des domaines d’activités : <.food>, <.watch>, <.shop>, <.photo>, <.foundation>,  <.engineer>, etc.
  • des extensions consistant en des marques (telles que  <.leclerc>, <.bnpparibas>, ou <.abbott> utilisés respectivement par l’enseigne de grande distribution, la banque et les laboratoires éponymes). 

Près de 15 ans après cette première vague d’ouverture, l’ICANN prévoit de lancer en 2026 un nouveau processus permettant de candidater à l’obtention de son extension personnalisée.

Parmi les candidats naturels figurent les titulaires de marques.

En effet, la détention d’une extension de noms de domaine <.marque> présente plusieurs avantages stratégiques pour les titulaires de signes distinctifs :

1. Contrôle de la marque : en possédant sa propre extension, le titulaire de de la marque a un contrôle absolu sur les noms de domaine associés. Il peut créer des adresses web spécifiques pour ses produits, services, campagnes marketing, etc. En d’autres termes, la détention de son extension de domaine assure le contrôle de l’espace en ligne correspondant.

2. Renforcement de l’image de marque : Une extension personnalisée reflétant son signe distinctif renforce l’identité et la notoriété de la marque. Les utilisateurs associent directement l’extension au titulaire de droits, ce qui accroît la visibilité et la reconnaissance de la marque.

3. Corrélativement, l’expérience utilisateur peut s’en trouver améliorée : en possédant leur propre extension, les titulaires de marques peuvent offrir une expérience utilisateur plus cohérente, transparente et fiable. 

4. Sécurité accrue : En gérant sa propre extension, le titulaire de droits réduit les risques de cybersquatting, de contrefaçon et d’utilisation abusive de sa marque par des tiers. Cet aspect est particulièrement crucial compte tenu de l’intensification des cybermenaces et des conséquences dramatiques qu’elles peuvent revêtir pour les victimes. 

5. Différenciation et innovation : Détenir une extension personnalisée sur Internet permet aux titulaires de marques de se différencier de leurs concurrents en proposant une expérience en ligne personnalisée, immédiatement identifiable et synonyme d’innovation.

Si le calendrier communiqué par l’ICANN est encore indicatif et que 2026 peut paraitre lointain, les candidats ont tout intérêt à mettre ce délai à profit pour préparer leur projet car cette campagne de création de nouvelles extensions constitue une opportunité rare pour les titulaires de marques de pouvoir renforcer considérablement leur présence en ligne.

De plus, le montant de la taxe de candidature incite au sérieux et à la préparation, puisqu’il pourrait être de l’ordre de 200.000 USD.

Ainsi, dans l’attente de la publication par l’ICANN du guide du candidat, les entreprises intéressées pourront mettre à profit les enseignements tirés du premier round, et notamment :

- rechercher les partenaires techniques et juridiques sur lesquels s’appuyer car détenir son <.marque> signifie devenir gestionnaire d’une extension de l’Internet, ce qui implique notamment le respect de référentiels juridiques et techniques, ainsi que l’élaboration de politiques de nommage voire, selon de degré d’ouverture de l’extension, de mécanismes destinés à assurer le respect du droit des tiers,

- élaborer les modalités de sa future présence en ligne, notamment en se posant la question du devenir des noms de domaine en détention et de l’évolution de son portefeuille de noms de domaine, notamment durant la période intercalaire entre la candidature et l’obtention, le cas échéant, de l’extension,

- procéder aux recherches des éventuelles motifs d’objection à l’obtention de l’extension convoitées. En effet, lors du premier round de création de nouvelles extensions, pouvaient notamment faire échec à l’obtention de l’extension sollicitée : le risque de confusion avec une extension préexistante ou candidatées, les atteintes pouvant être portées aux droits de la personnalité ou de de propriété des tiers.

Le lancement de sa propre extension est donc un projet qui doit être murement préparé et qui implique des acteurs de nature et de cultures différentes (notamment techniques, juridiques et marketing), ce qui engendre autant de considérations et d’intérêts à appréhender et à concilier.

Parmi les leaders européens de la propriété industrielle, domaine à la croisée du droit, de la technique et des enjeux commerciaux, Plasseraud IP est également profondément engagé dans la vie de l’Internet, que ce soit à travers l’accompagnement de nos clients dans la protection et la défense de leurs droits en ligne, de notre participation à la vie associative de l’Afnic dont nous sommes membres, ou encore via nos experts actifs auprès du Centre d’arbitrage et de médiation de l’OMPI.

Pour toutes ces raisons, nous suivons de très près cette nouvelle ouverture de l’Internet, et sommes à votre disposition pour vous accompagner sur vos projets en lien avec votre <.marque>.

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